Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/291

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enseignera qu’il doit tuer sa volonté propre, avec le glaive de la haine de la sensualité, en acceptant l’épouse et sa sœur qui lui donnera la charité. L’épouse est la véritable et prompte obéissance ; la sœur est la patience. Et il faut de plus la nourrice, qui est l’humilité. Sans cette nourrice, l’obéissance mourrait de faim. Oui, l’obéissance ne peut vivre dans une âme, où ne se trouve pas cette bonne vertu d’humilité. L’humilité elle-même n’est pas seule, elle a pour servante l’abnégation, le mépris de soi-même et du monde, qui fait que l’âme ne se compte pour rien et, an lieu d’ambitionner les honneurs, n’a de convoitise que pour les affronts. C’est avec ces dispositions, dans cet état de mort, que l’on doit entrer en religion, lorsqu’on est en âge de le faire. Mais quelque disposition qu’on y apporte, je te l’ai déjà dit, j’ai bien des manières différentes d’appeler les âmes. Une fois entré, l’on doit acquérir et conserver en soi cette perfection, prendre en main généreusement et sans retard, la clef de l’obéissance de la religion, qui ouvre le portillon qui se trouve dans la porte du ciel. Car il y a, ouvrant dans la porte du ciel, un portillon spécial, réservé à ceux qui ne se sont pas contentés de l’obéissance générale, la grosse clef qui sert à ouvrir la grande porte du ciel. Ils se sont munis d’une clef plus petite qui leur permet d’entrer par cette petite porte basse et étroite. Ce portillon n’est pas séparé de la grande porte, il ouvre dans la porte même, comme tu en as fréquemment l’image matérielle sous les yeux. Cette petite clef, ils doivent la conserver,