Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/300

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avoir abattu la superbe, et s’être soumis au joug de l’obéissance par humilité. Aussi, en passant ce portillon bas et étroit, ne se heurte-t-il point le front par impatience. Il sait tout supporter, avec force et avec persévérance, et ce sont là les amis de l’obéissance. Les assauts du démon, il en a raison en mortifiant et en macérant sa chair, en la privant des délicatesses et des plaisirs qu’elle convoite, en lui imposant toutes les fatigues de la règle, avec foi, sans aucun dédain. Comme un petit enfant qui ne garde aucun ressentiment des corrections de son père ou des injures qui ont pu lui être faites, le vrai religieux ne conserve non plus nulle aigreur des humiliations, des fatigues, ou des réprimandes qu’il a pu recevoir dans l’Ordre, de la part de son prélat. Dès que celui-ci le rappelle, il revient humblement à lui, sans haine, sans colère, sans rancune, mais avec bienveillance et douceur.

C’est de ces petits enfants dont parlait le Christ, ma Vérité, quand devant les disciples, disputant entre eux pour savoir lequel serait le plus grand, il invita un enfant à s’approcher et leur dit : Laissez les petits enfants venir à moi, c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux. Qui ne deviendra petit comme un enfant, et ne vivra comme lui, celui-là n’entrera point dans le royaume des cieux. Car, ma chère fille, c’est celui qui s’abaissera lui-même qui sera exalté, et celui qui s’élèvera lui-même sera humilié ainsi que l’a dit encore ma Vérité (Mt 1, 1-5 ; Mc 9, 33 ; Lc 9, 45).