Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/331

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traverse ainsi l’océan des tempêtes qu’est cette vie, au milieu d’un calme parfait, l’esprit serein et le cœur tranquille. Il se sent fort et assuré, parce qu’il s’est délivré de toute crainte et de toute défaillance, en renonçant à la volonté propre, d’où proviennent faiblesse et peine désordonnée.

Quels sont la nourriture et le breuvage de celui qui a élu pour son épouse, l’obéissance Il se nourrit de la connaissance de lui-même et de moi. Sans cesse il a sous les yeux, que de lui-même il n’est pas ; il ne perd jamais de vue son imperfection et il découvre du même regard, que moi, Je suis celui qui suis, en qui il goûte ma Vérité, telle que ma Vérité elle-même, mon Fils unique, la lui a fait connaître. Et de quoi s’abreuve-t-il ? Du Sang, de ce sang par lequel le Verbe lui a manifesté ma Vérité et l’amour ineffable que j’ai pour lui de ce sang, par lequel mon Fils a témoigné de l’obéissance que moi, son Père éternel, je lui avais imposée à cause de vous. Aussi, s’enivre-t-il de ce sang, et dans son ivresse, ivresse du sang, ivresse de l’obéissance du Verbe, il se perd lui-même, il perd son sens propre, sa propre science, pour me posséder moi par la grâce, et me goûter par sentiment d’amour, à la lumière de la foi, dans la sainte obéissance.

Toute sa vie est comme un hymne de paix, et, à la mort il reçoit ce que son prélat lui avait promis à sa profession, la vie éternelle, la vision de paix, de suprême tranquillité, le repos qui ne finira plus, un bien inappréciable dont nul ne peut estimer ni comprendre la valeur. Il est infini, et rien de fini ne