Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/110

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ciane voyant qu’elle n’avançoit gueres dans le bonheur de ſes amours, ſon Amant ne l’ayant aimée que peu de temps, fut épouvanté de voir que la certitude de ſon art luy manquoit pour la premiere fois de ſa vie, ſon bonheur devant être fondé ſur la mort de Pretintin.

Elle fut trés-agitée d’un mécompte ſi étonnant ; elle conſulta de nouveau ſes livres, & ſentant ſon malheur ſans le comprendre, elle étudia tant & ſi bien, qu’elle vit clairement qu’il faloit que Pretintin ne fût pas morte. Elle fit revenir Arrogant, & ſans l’intimider elle voulut en tirer la verité par douceur.

Il luy avoüa tout, & luy conta comme la choſe s’étoit paſſée, ne ſachant ce qu’étoit devenuë Pretintin. Cet aveu luy ſuffit ; & étant allée trouver le docte Prothée, elle ſçût que la Princeſſe d’Armenie étoit au pouvoir de ſon Amant mais qu’elle ne la pourroit ôter de ſon Palais que par le moyen du plus beau garçon du monde ; où le trouver ? voilà ce qui l’inquietoit. Elle ſe mit en campagne, pria quelqu’une de ſes amies qui poſſedoit les dons de féerie d’en faire de même.