Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/166

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clination ne ſeroit pas approuvée, elle la cacha ſoigneuſement, & réſolut d’épouſer ſon Amant en ſecret.

Bientôt aprés elle ſe trouva groſſe ; elle craignit la fureur du Roy & pour elle & pour ſon enfant. Elle feignit d’être indiſpoſée, & veritablement elle l’étoit : mais elle ſuppoſa un autre mal. Elle ſe tenoit enfermée dans ſon appartement, ſe laiſſant peu voir, & allant avec une ſeule Confidente ſe promener dans ſon jardin, au pied duquel étoit une belle riviere.

La Princeſſe étoit fort en peine du ſoin de l’enfant qui naîtroit ; elle n’en voulut confier la deſtinée à perſonne, & elle réſolut de l’abandonner aux Dieux.

Elle donna la naiſſance à un Prince plus beau que l’Amour ; & aprés avoir arroſé ſon viſage de ſes larmes, la neceſſité la forçant, elle le fit mettre bien proprement dans un Berceau de bois de la Chine du plus beau lac du monde : elle orna ce cher Enfant de joyaux & de langes précieux, & commanda à ſa Confidente de l’expoſer ſur la riviere.

Cette riviere ſe jettoit dans la mer. Le