Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnificence & d’une galanterie extraordinaire ; & quand ce fut le tour du Prince de Sabée, qu’elle n’avoit point encore vû juſqu’à ce moment, elle eut une ſurpriſe qu’elle ne put cacher.

Elle vit un jeune homme d’une taille agreable, & d’un viſage ſi charmant, qu’elle luy donna avec toute ſon attention la plus ſenſible tendreſſe de ſon cœur. Il avoit les traits reguliers, de grands yeux noirs, vifs & paſſionnez, la bouche ſoûriante, de belles dents, une grande quantité de cheveux bruns & friſez, plantez avec un agrément ſans pareil ſur le haut de ſa tête ; ils faiſoient une pointe extrémement marquée, qui luy donnoit une phyſionomie ſinguliere qui plaiſoit.

Panpan avoit déja vû la Princeſſe, il en étoit amoureux. Il ſe preſenta devant elle d’un air hardy : mais les premiers regards qu’elle jetta ſur luy l’humilierent. Il voulut la regarder, il ne l’oſa faire. Il baiſſa la tête ; & mettant un genou devant elle, il demeura tout interdit. Son ſilence fut long. Enfin parlant avec une voix timide : Je n’ay rien à vous donner, luy dit-il ; vous avez tout quand vous avez mon cœur, je vous apporte ſes hommages. Ce que