Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/216

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Elle avoit été à la Cour, & y avoit éprouvé tous les orages qui y ſont ſi ordinaires ; trahiſons, perfidies, point de bonne foy, perte de biens, perte d’amis. De ſorte que rebutée d’étre dans un lieu où la diſſimulation & l’hypocriſie ont établi leur empire, & laſſée d’un commerce où les cœurs ne ſe montrent jamais tels qu’ils ſont, elle réſolut de quitter ſon pays & de s’en aller ſi loin, qu’elle put oublier tout le monde, & qu’on n’entendit jamais parler d’elle,

Quand elle crut être bien éloignée, elle fit une petite maiſonnette dans un lieu où la ſituation étoit extrémement agréable. Tout ce qu’elle put faire fut d’acheter un petit troupeau, dont le lait ſervoit à ſa nourriture, & la toiſon pour ſe vêtir.

À peine fut-elle quelque temps de la ſorte, qu’elle ſe trouva heureuſe. Il eſt donc un état dans la vie où l’on peut-être contente, diſoit-elle, & par le choix que j’ay fait je n’ay plus rien à deſirer. Elle alloit tous les jours filant ſa quenoüille, & conduiſant ſon petit troupeau : elle auroit bien ſouhaité quelqueſois d’avoir de la compa-