Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/40

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un merveilleux étonnement en voyant Deſirs de retour avec le fard de jeuneſſe, & la Reine fronçant le ſourcil, qu’on la garde ſeurement, dit elle, nos adreſſes ſont vaines, il faut la faire mourir ſans y plus chercher tant de façons.

Voilà l’arrêt prononcé. Deſirs en trembla de crainte, ſon amant la raſſura autant qu’il le pût.

Mais revenons à plus belle que Fée. On l’avoit conduite juſques dans la Forêt des Merveilles, & voici le ſujet pourquoi on l’expoſoit à courre la Biche aux pieds d’argent.

Il y avoit eu autrefois un Reine des Fées qui avoit ſuccedé naturellement à ce grand titre, elle étoit belle, bonne & ſage, elle avoit eu pluſieurs amans dont l’amour & les ſoins ſe pordoient auprés d’elle uniquement occupée à proteger la vertu, elle ne s’amuſoit point à conter les ſoupirs de ſes amans. Elle en avoit un que ſes rigueurs rendirent le plus malheureux, parce qu’il l’aimoit mieux qu’aucun autre.

Un jour voyant qu’il ne la pouvoit fléchir, il luy proteſta dans ſon deſeſpoir qu’il ſe tuëroit ; elle ne fut point émuë de cette menace, & la conſidera comme