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mettre & en donner à une compagne que j’ay.

Le Prince rit. Oü irons nous, continua-t-elle ? chez la Reine des Fées, réprit-il. Non pas cela, s’écria t-elle, nous y peririons. Le Sage qui me conſeille, pourſuivit il, m’a dit de vous remener au dernier lieu, d’où vous ſeriez partie, ſi je voulois être aſſuré de mon bonheur. Il ne m’a jamais menti en quoi que ce ſoit, à la Bonne heure, dit Deſirs, allons donc.

Le Prince luy donna une précieuſe boëte, dans laquelle étoit le fard de jeuneſſe, & dans l’envïe de paroître plus belle aux yeux de ſon Amant, elle s’en frotta précipitamment tout le viſage, oubliant qu’elle étoit inviſible par la pierre qu’il lui avoit donnée. Elle le prit ſous le bras. Ils traverſerent de la ſorte toute la Foire, & furent ainfi juſques auprés du Palais de la Reine.

Là, le Prince réprit la pierre de Gigés. L’aimable Deſirs ſe montra, & il ſe rendit inviſible au grand regret de la Princeſſe qu’il prit ſous le bras à ſon tour, & ſe rendirent devant Nabote & ſa Cour.

Toutes les Fées ſe regarderent avec