Page:Caumont Les Jeux d esprit.djvu/12

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des galanteries de ruelles, des concetti italiens et des hyperboles castillanes ; mais, au lieu de s’arrêter à cette première impression, n’est-il pas à propos de se rendre compte de l’état des esprits, des traditions du passé et des horizons qui se présentaient alors, afin de bien préciser le point d’où l’on est parti et le but qui a été atteint ?

Après des essais multipliés et des oscillations diverses, la langue et la littérature française flottaient encore incertaines. Deux voies semblaient s’ouvrir devant elles ? Pouvait-on, en remontant le cours des siècles, s’inspirer des trouvères ou des chansons de geste, sources primitives de notre poésie nationale ? Fallait-il, au contraire, en suivant le torrent de la renaissance, imitatrice servile des anciens, assujettir une fois de plus les descendants des Gaulois au joug des Romains ?

La pente, de ce côté, était glissante ; nous subissions déjà depuis le xvie siècle l’influence des races latines. L’Italie et l’Espagne, à la suite des guerres de François Ier et de Charles-Quint, et par les reines qu’elles nous avaient données, envahissaient le domaine de la littérature française : l’Italie avec le culte des