Page:Caumont Les Jeux d esprit.djvu/14

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gneurs et de grandes dames, accoutumés au langage qui a toujours distingué la cour de France, présidaient à des réunions choisies où l’élégance des manières s’unissait à la galanterie la plus délicate.

Beaux esprits eux-mêmes, ils cultivaient les lettres et recherchaient ceux qui les pratiquaient. Ce double contact profitait à la fois aux Mécènes et aux Horaces. Les gens de lettres apprenaient la politesse des hommes de cour ; ces derniers s’instruisaient en s’amusant. La liberté, égale pour tous, n’était limitée que par le respect des convenances. L’hôtel de Rambouillet devint le principal centre de ce genre de réunions ; les beaux esprits de toutes les conditions sollicitèrent l’honneur d’y être admis. Ainsi se forma la société précieuse. À son origine, elle n’avait qu’un seul but : celui de s’affranchir du pédantisme de l’époque, de s’occuper simplement de choses sérieuses, enfin de trouver dans le vocabulaire usuel le moyen de parler de tout convenablement.

Ce qui n’était d’abord qu’une révolte contre le fatras de la science et contre la routine des écoles devint une révolution. La société