Page:Caumont Les Jeux d esprit.djvu/24

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Mme de Longueville et du grand Condé, mais faire encore le récit des principaux événements de leur vie ? Si nous remontons encore plus haut, ne retrouvons nous point, dans nos vieilles chansons de geste, Charlemagne et ses douze pairs, Alexandre le Grand et ses compagnons, travestis en chevaliers du xiiie siècle, agir conformément aux mœurs et aux coutumes de la féodalité ? Mlle de la Force a donc encouru les mêmes reproches que tous les auteurs qui, empruntant leur sujet à un passé déjà fort éloigné, ont pris leurs contemporains pour modèles. Changez les noms des personnages, et vous ne pouvez nier qu’elle n’ait été le peintre vrai et fidèle de la société où elle vivait. Elle reproduit les qualités et les défauts de son temps.

Mlle de la Force, bannie de la cour pendant seize ans, s’est vue contrainte à se retirer dans un couvent. Ses malheurs auraient dû inspirer d’autant plus de commisération qu’elle les a supportés avec courage ; cependant, la postérité s’est montrée cruelle à son égard. On l’a méconnue et calomniée. Nos biographes modernes succombent quelquefois à la tentation du paradoxe et au désir de plaire par l’appât du nouveau. Aussi pro-