Page:Caumont Les Jeux d esprit.djvu/46

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acompagnèrent et, quelques jours après, le galant Bassompierre et le Duc d’Elbeuf furent les y trouver.

La chasse, la promenade, la belle conversation, la musique et les vers les ocupoient agréablement, et un soir que toutes ces personnes étoient sur une terrasse dont la vue s’étendoit sur la mer :

— Je comprens, dit Mme la Princesse de Conty, qu’on peut vivre avec agrément sans être à la Cour, et je passerois volontiers ma vie dans un lieu comme celui-ci, et avec une aussi bonne Compagnie.

— Je consens de n’en repartir jamais, reprit Bassompierre, et, quelque libertin qu’on m’acuse d’être, je pourrois me fixer ici, si l’on le vouloit.

— Nous n’y serions pas longterns dans cette paix qui nous en rend le séjour si plein de charmes, lui répondit Mme de Nevers en riant ; toutes les Maîtresses que vous avez à Paris viendroient nous assiéger ; vous nous coûteriez autant à garder que la belle Hélène coûta aux Troyens, mais je ne sçais, de l’humeur dont vous êtes, si la guerre seroit bien longue.

— Tout ce que je puis faire, dit le Duc de Guise, c’est de m’offrir d’être votre Hector.

— Et toutes ses belles Maîtresses, reprit Mme la Princesse de Conty, vaudroient autant d’Achilles. Elles seroient bientôt victorieuses.

— Hé ! de grâce, Madame, répliqua Bassompierre, traitez-moi plus humainement ; ne poussons point