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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2.pdf/108

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98 S’PROSES NON RECUEILLIES chanta. Les heures y coulèrent moins perdues. Cette méthode simple, mais profonde, fit peut-être sourire le ciel ; car les prisonniers lui durent un glorieux avenir. Un jour la porte ouvrit pour tous deux. Pleins d’espoir et de crainte, ils coururent ensemble essayer sur un piano véritable leur patiente étude sourde et bornée en apparence. O joie du fils ! Récompense du père ! Les jeunes doigts exercés volent sans incertitude sur l’instrument sonore. L’âme et la science unies le frappent avec l’habileté d’un maître. Un cri de reconnaissance s’échappe du cœur l’un de l’autre, et quelque chose de divin se passa entre les deux êtres qui avaient rempli si utilement leurs heures captives. “De même, il se forme des liens inoubliables entre les enfants et ceux qui se sont consacrés à leur bien-être. Qui peut parler sans joie du premier guide de sa raison aveugle ? Qui se rappelle sans émotion la première voix qui lui a dit : Marchez !

“Madame Camille Derains recueillera ce doux prix des dévoûmens de femme. Elle a tout d’une mère ; tout pour aider leur tâche imposante et humble, les sollicitudes éclairées,.. les purs instincts, les inquiètes adorations. C’est avec une tendresse lumineuse qu’elle prépare la nourriture saine et fraîche aux jeunes âmes dont il est dangereux de mal choisir les alimens. Il les leur faut si délicats et si nourrissans tout ensemble ! “Le livre de Louise contient ce froment choisi. En le lisant, on croit voir entrer à son foyer mistress Edgeworth, cette sage et riante amie des enfants, que les mères aussi ont saluée de tant de reconnaissance. “Que de petites mains vont s’ouvrir devant cette nouvelle sœur d’instruction ; que de jeunes esprits avides de son langage rapide et clair, de ses graves conseils animés d’exemples vrais, sensibles, frappans tableaux qui font aimer d’autant plus celle qui les compose, que leur confidence éclaire l’inexpérience des jeunes lecteurs, prévient la faute sur laquelle ils ont pleuré, et qu’ils détestent par pitié pour l’enfant qui en a beaucoup souffert.