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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/104

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difficile qu’on pût prévoir les suites qu’auroient un jour ces commencemens d’estime.

Je rapporterai ici quelques fragmens des lettres que madame de Maintenon écrivoit à l’abbé Gobelin, on y verra, mieux que je ne pourrois l’exprimer, et ce qu’elle eut à souffrir, et quels étoient ses véritables sentimens. Il est vrai qu’il seroit à désirer que ses lettres fussent datées ; mais les choses marquent assez le temps où elles ont été écrites.

« Madame de Montespan et moi avons eu une conversation fort vive ; elle en a rendu compte au Roi à sa mode, et je vous avoue que j’aurai bien de la peine à demeurer dans un état où j’aurai tous les jours de pareilles aventures. Qu’il me seroit doux de me remettre en liberté ! j’ai eu mille fois envie d’être religieuse ; mais la peur de m’en repentir m’a fait passer par-dessus des mouvemens que mille personnes auroient appelés vocation… Je ne saurois comprendre que la volonté de Dieu soit que je souffre de madame de Montespan. Elle est incapable d’amitié, et je ne puis m’en passer. Elle ne sauroit trouver en moi les oppositions qu’elle y trouve, sans me haïr. Elle me redonne au Roi comme il lui plaît, et m’en fait perdre l’estime. Je suis avec lui sur le pied d’une bizarre qu’il faut ménager[1]. » Dans une autre lettre « Il se passe ici des choses terribles entre madame de Montespan et moi. Le Roi en fut hier témoin et ces procédés-là, joints aux maux continuels de ses

  1. * Lettre du 13 septembre 1674.