Aller au contenu

Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Soubise qui fut de lui, il est mort il y a longtemps.

Malgré ces infidélités du Roi, j’ai souvent entendu dire que madame de Montespan auroit toujours conservé du crédit sur son esprit, si elle avoit eu moins d’humeur, et si elle avoit moins compté sur l’ascendant qu’elle croyoit avoir. L’esprit qui ne nous apprend pas à vaincre notre humeur devient inutile quand il faut ramener les mêmes gens qu’elle a écartés ; et si les caractères doux souffrent plus longtemps que les autres, leur fuite est sans retour.

Le roi trouva une grande différence dans l’humeur de madame de Maintenon ; il trouva une femme toujours modeste, toujours maîtresse d’elle-même, toujours raisonnable, et qui joignoit encore à des qualités si rares les agrémens de l’esprit et de la conversation.

Mais elle eut à souffrir avant de s’être fait connoître. Il est aisé de juger qu’une femme, dont l’humeur est plus forte que l’envie de plaire à son maître et à son amant, ne ménage pas une amie qu’elle croit lui devoir être soumise. Il paroît même que la mauvaise humeur de madame de Montespan augmentoit à proportion de la raison et de la modération qu’elle découvroit dans madame de Maintenon, et peut-être à mesure que le roi revenoit des préventions qu’il avoit eues contre elle, il étoit cependant bien

    se rapproche de l’année 1674, qui est cette de la naissance du cardinal de Rohan. » (Loisirs d’un ministre.)