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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/143

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M. de Rhodes, grand-maître des cérémonies, encore plus fou qu’elle dans ce temps-là, en devint amoureux, et fit des extravagances si publiques pour elle qu’il la fit chasser de la cour. Madame de Richelieu, par un faux air d’austérité qui devenoit à la mode depuis la dévotion du Roi, l’emmena à Paris d’une manière peu convenable, et qui ne fut approuvée de personne ; elle la mit dans un carrosse de suite avec des femmes de chambre[1].

Mademoiselle de Rambures avoit le style de la famille des Nogent dont étoit madame sa mère ; vive, hardie, et avec l’esprit qu’il faut pour plaire aux hommes sans être belle. Elle attaqua le roi et ne lui déplut pas, c’est-à-dire assez pour lui adresser plutôt la parole qu’à une autre. Elle en voulut ensuite à Monseigneur, et elle réussit dans ce dernier projet : madame la Dauphine s’en désespéra ; mais elle ne devoit s’en prendre qu’à elle-même et à ses façons d’agir.

  1. On trouve dans le Journal de Dangeau quelques mentions relatives à cet événement qui causa un certain scandale :

    « Le roi ordonna à mademoiselle de Tonnerre de sortir de la cour pour entrer aux Filles-Sainte-Marie de Paris (12 avril 1654). — M. de Rhodes sortit avant-hier de la Bastille, et revint à la cour ; il n’apprit que chez M. de La Feuillade le malheur de mademoiselle de Tonnerre (15 avril). — Elle fut mise à Port-Royal et deux ans après elle épousa un gentilhomme du Dauphiné, nommé de Musy, dont le père étoit aussi de la maison de Clermont. Madame la Dauphine parut fort aise de cet établissement, et elle parla de mademoiselle de Tonnerre avec bonté (31 janvier 1686). — Le roi refusa de signer son contrat de mariage, en disant qu’il ne vouloit faire cet honneur-là qu’aux personnes dont il avoit été content (2 février 1686). »