d’ailleurs la charge de chevalier d’honneur de madame la Dauphine, qu’il avoit achetée de M. le
entendre ce qu’on dit à table. » Jamais mépris ne fut moins justifié, l’œuvre de Dangeau est la chronique la plus complète et la plus exacte que nous possédions sur la cour de Louis XIV. On y trouve, à vrai dire, de singulières mentions ; celle-ci par exemple : « Ce matin on m’a dit que le bonhomme Corneille étoit mort. Il avoit été fameux par ses comédies ; » mais elles s’expliquent tout naturellement par l’ignorance dans laquelle vivaient les courtisans pour tout ce qui n’était pas Versailles. Ce Journal a été intégralement publié par MM. Dussieux et Soulié, avec les additions de Saint-Simon, qui ajoutent encore à son intérêt et à son utilité (Paris, Didot, 19 vol. in-8o).
Le Recueil Maurepas nous a conservé la curieuse chanson qui fut faite à l’occasion de son second mariage ; nous la transcrivons en entier. (L’auteur a donné à Dangeau le prénom de Jean, nous ne savons pourquoi ; son véritable prénom était Philippe) :
Jean de Courcillon
À épousé Sophie,
De l’illustre maison
De Bavière sortie,
D’autres disent que non ;
Mais peu je m’en soucie.
Jean de Courcillon
À fait grande folie,
Dans un âge grison
Prendre femme jolie,
C’est tenter le larron ;
Mais peu je m’en soucie.
Jean de Courcillon
En épousant Sophie,
Lui prouva par raison
Que l’amoureuse envie
Cède en toute saison
À la philosophie.
Jean de Courcillon
Comme un autre Tobie,
Passa la nuit, dit-on,
À dire litanie
Non par dévotion
Mais par économie.