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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/19

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La mort de Louis XIV et la retraite de madame de Maintenon à Saint-Cyr ramenèrent madame de Caylus à Paris. Elle alla vivre dans une petite maison au milieu des jardins du Luxembourg, ou la société du duc de Villeroi, pour lequel elle garda son attachement jusqu’à ses derniers jours, celle de son fils aîné le comte de Caylus et la visite de ses anciennes amies, formaient son unique distraction. Parfois, et c’était là une de ses fêtes, elle prenait le chemin de Saint-Cyr pour aller revoir madame de Maintenon, qui, heureuse d’avoir quitté le monde, permettait rarement à sa nièce de venir troubler son paisible isolement. Durant la régence et le ministère du duc de Bourbon, madame de Caylus s’abstint de paraître à la cour et ne se mêla pas aux événements politiques. Lorsque la chute de Monsieur le Duc eut laissé vacante cette place de premier ministre qui paraissait l’apanage d’un prince du sang, bien que le cardinal Fleury se la fut réservée de longue date elle essaya d’inspirer au duc du Maine le désir de prendre dans l’État la première place après le roi, et le sonda sur ses intentions. Mais le prince, peu ambitieux de son naturel, répondit à ses insinuations par un refus formel, et la lettre[1] qu’il écrivit en cette circonstance à son amie trop zélée mérite d’être transcrite comme un modèle de sagesse et d’urbanité  :

  1. Cette lettre est empruntée au Recueil mss. de la Bibliothèque nationale dont il sera question ci-après. (Cf. p. xxiv.)