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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/18

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aimé madame de Caylus. Néanmoins elle fut admise à tout. La conduite de la duchesse de Noailles lui fut confiée, la compassion de sa captivité la lui fit adoucir et peu à peu la remettre sur le pied des autres femmes de la cour. Bientôt la chambre de madame de Caylus devint un rendez-vous important. Les gens considérables frappoient à cette porte et se trouvoient heureux d’y entrer quelquefois. La dévotion enfin écoulée devint la matière des plaisanteries de madame de Caylus. Elle revit madame la Duchesse et ses anciennes connoissances, avec qui elle déplora la tristesse avec laquelle sa jeunesse s’étoit passée, dont elle faisoit mille contes sur elle-même, en se moquant de toutes ses pratiques de dévotion. Toujours attachée au duc de Villeroi, et lui à elle, ils se voyoient sans que madame de Maintenon le trouvât mauvais, tant elle l’avoit subjuguée et a la fin elle se fit une cour les matins, de généraux, de ministres et de la plupart des importants de la cour, par ricochet de madame de Maintenon. Au fond elle se moquoit d’eux tous. »

Madame de Caylus voulut profiter de sa faveur pour s’assurer d’un poste honorable à la cour, et mit en œuvre (c’est encore Saint-Simon qui nous apprend ce fait) le crédit du Dauphin pour obtenir une charge de dame d’atour auprès de la duchesse de Berry. Mais madame de Maintenon, indirectement avisée de cette tentative et craignant de voir sa nièce lui échapper, fit échouer cette démarche.