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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/39

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l’empire d’Auguste ; mais la France acquit sous ce règne tant de réputation par les armes, par les lois, par de grands établissemens en tout genre, par les beaux-arts, par les plaisirs même, que cet éclat se répand jusque sur les plus légères anecdotes d’une cour qui étoit regardée comme le modèle de toutes les cours, et dont la mémoire est toujours précieuse.

Tout ce que raconte madame la marquise de Caylus est vrai ; on voit une femme qui parle toujours avec candeur. Ses Souvenirs serviront surtout à faire oublier cette foule de misérables écrits sur la cour de Louis XIV, dont l’Europe a été inondée par des auteurs faméliques qui n’avoient jamais connu ni cette cour, ni Paris.

Madame de Caylus, nièce de madame de Maintenon, parle de ce qu’elle a entendu dire et de ce qu’elle a vu, avec une vérité qui doit détruire à jamais toutes ces impostures imprimées, et surtout les prétendus Mémoires de madame de Maintenon, compilés par l’ignorance la plus grossière et par la fatuité la plus révoltante, écrits d’ailleurs de ce mauvais style des mauvais romans qui ne sont faits que pour les antichambres[1].

  1. Toute cette partie de la Préface est une critique acerbe des Mémoires de madame de Maintenon publiés par La Beaumelle. La Beaumelle avait encouru la haine de Voltaire par un passage de ses Pensées, peu flatteur pour l’ami du grand Frédéric. « Qu’on parcoure l’histoire ancienne et moderne, disait-il, on ne trouvera point d’exemple de prince qui ait donné sept mille écus de pension à un homme de lettres à titre d’homme de lettres. Il y a eu de plus grands poètes que Voltaire, il n’y en eut jamais de si bien récompensé… Le roi de Prusse a comblé de bienfaits les hommes à talents précisément par les mêmes raisons