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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/38

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l’esprit et du sentiment sans en affecter jamais. C’est grand dommage qu’elle ait eu si peu de souvenir, et qu’elle quitte le lecteur lorsqu’il s’attend qu’on lui parlera des dernières années de Louis XIV, et de la Régence. Peut-être même l’esprit philosophique qui règne aujourd’hui ne sera pas trop content des petites aventures de cour qui sont l’objet de ces mémoires. On veut savoir quels ont été les sujets des guerres ; quelles ressources on avoit pour les finances ; comment la marine dépérit après avoir été portée au plus haut point où on l’eût jamais vue chez aucune nation ; à quelles extrémités Louis XIV fut réduit ; comment il soutint ses malheurs, et comment ils furent réparés ; dans quelle confusion son confesseur Le Tellier jeta la France, et quelle part madame de Maintenon put avoir à ces troubles intestins, aussi tristes et aussi honteux que ceux de la Fronde avoient été violens et ridicules. Mais, tous ces objets ayant été presque épuisés dans l’histoire du siècle de Louis XIV, on peut voir avec plaisir de petits détails qui font connoître plusieurs personnages dont on se souvient encore.

Ces particularités même servent, dans plus d’une occasion, à jeter de la lumière sur les grands événemens.

D’ordinaire les petits détails des cours, si chers aux contemporains, périssent avec la génération qui s’en est occupée ; mais il y a des époques et des cours dont tout est longtemps précieux. Le siècle d’Auguste fut de ce genre. Louis XIV eut des jours aussi brillans, quoique sur un théâtre beaucoup moins vaste et moins élevé. Louis XIV ne commandoit qu’à une province de