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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/50

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en Amérique. Il y mena sa famille, qui consistait en une femme, deux garçons[1], et cette petite fille, qui n’avait, je crois, que dix-huit mois, et qui fut si malade dans le trajet qu’on fut prêt de la jeter à la mer, la croyant morte.

M. d’Aubigné mourut à la Martinique à son second voyage[2] car je crois avoir entendu dire qu’il en avoit fait deux. Quoi qu’il en soit, madame d’Aubigné revint en France avec ses enfants ; elle trouva leurs biens vendus et dissipés par les créanciers de leur père, et par l’injustice de quelques-uns de ses parents. Ma grand’mère, sœur de leur père, et femme de mérite, prit soin de cette famille malheureuse, et surtout de la petite fille, qu’elle demanda à sa mère, et qu’elle élevoit comme ses propres enfans ; mais mon grand-père et ma grand’mère étant huguenots, madame, de Neuillan, mère de la maréchale de Navailles[3] et parente de M. d’Aubigné, demanda à la

  1. Des deux frères aînés de madame de Maintenon, un seul survécut ; il avait hérité de l’esprit, de la malignité et des vices de son père.
  2. Il mourut au retour de son deuxième voyage de la Martinique, dans un voyage qu’il fit à Orange. (Note de madame de Caylus) — Il y a dans cette note une erreur que M. Lavallée rectifie en démontrant que Constant d’Aubigné mourut à la Martinique en 1647.
  3. Suzanne de Baudean, marraine de madame de Maintenon, qui devint plus tard maréchale de Navailles, était fille de Charles de Beaudéan, baron de Neuillant, et de Françoise Tiraqueau. Comme Charles de Beaudéan avait eu pour mère une tante de Suzanne de Lezay, mère de Constant d’Aubigné, Françoise Tiraqueau, se prétendait parente des d’Aubigné et s’attribuait un droit de protection sur les enfants de Constant.