sitôt dans sa chambre, parce qu’elle avoit compris qu’une conduite moins exacte et moins austère à l’âge ou elle étoit, feroit que la licence de cette jeunesse n’auroit plus de frein, et deviendroit préjudiciable à sa réputation. Ce n’est pas d’elle seule que je tiens ces particularités ; je les tiens de mon père, de M. le marquis de Beuvron, et de plusieurs autres qui vivoient dans la maison dans ce même temps.
Je me souviens d’avoir ouï raconter qu’étant un jour obligée d’aller parler à M. Fouquet, elle affecta d’y aller dans une si grande négligence, que ses amis étoient honteux de l’y mener. Tout le monde sait ce qu’étoit alors M. Fouquet, son foible pour les femmes, et combien les plus haut huppées et les mieux chaussées cherchoient à lui plaire[1].
- ↑ Cette anecdote nous paraît assez peu vraisemblable : la future Madame de Maintenon avait trop de tact pour se présenter devant Fouquet dans une mise négligée. Ce qui est plus juste et plus vrai, c’est que madame Scarron qui connaissait bien le caractère du surintendant évitait toute relation directe avec lui, et adressait ses lettres à Madame Fouquet lorsqu’elle avait à remercier Fouquet de quelque service rendu à Scarron. On a souvent cité un billet transcrit dans les papiers de Conrart et qui aurait été envoyé par madame Scarron à Fouquet ; le voici textuellement : « Je hais le péché, mais hais encore plus la pauvreté, j’ai reçu de vous dix mille écus ; si vous voulez en apporter dix mille dans deux jours, je verrai ce que j’aurai à faire ; je ne vous défends pas d’espérer. » La note qui attribue ce honteux billet à madame de Maintenon est d’une écriture évidemment postérieure à celle de la copie, ce qui lui enlève toute valeur. D’autre part, Conrart lui-même déclare dans une seconde note qu’il croit ce billet écrit par madame de la Baume, et la supposition est plausible. Mais il résulte de là, que le billet n’est pas de madame de Maintenon sur ce point le doute ne saurait exister. En admettant que madame de Maintenon eût pensée ce bil-