voulu qu’on l’eût crue moins solide, pour la laisser se divertir, et ne pas la contraindre à écouter les fréquens murmures et les projets des courtisans. Cet échantillon marque, ce me semble, la différence du caractère de ces deux femmes, qui depuis ont joué de si grands rôles ; car il faut avouer que madame de Maintenon n’étoit pas née pour les affaires : elle craignoit les intrigues par la droiture de son cœur, et elle étoit faite pour les délices de la société par l’agrément de son esprit. Mais avant de raconter les suites qu’eurent les commencemens de connoissance entre madame de Maintenon et madame de Montespan, je dirai un mot de ma famille, et de ce qui me regarde en particulier.
La paix étant faite[1], le roi, tranquille et glorieux, crut qu’il ne manquoit à sa gloire que l’extirpation d’une hérésie qui avoit fait tant de ravages dans son royaume. Ce projet étoit grand et beau, et même politique, si on le considère indépendamment des moyens qu’on a pris pour l’exécuter. Les ministres et plusieurs évêques[2] pour faire leur cour, ont eu beaucoup de part à ces moyens, non seulement en déterminant le roi à en prendre de ceux qui n’étoient pas de son goût, mais en le trompant dans l’exécution de ceux qui avoient été résolus.
- ↑ * La paix de Nimègue, conclue le 10 août 1678.
- ↑ Au nombre de ces prélats il faut placer l’archevêque de Paris, Harlay de Champvallon. L’abbé Legendre dit, en effet, dans ses Mémoires : « M. l’archevêque, soit par zèle pour la religion, soit pour faire oublier ses différends avec la Cour de Rome, redoubla ses instances pour faire révoquer l’édit. »