pas, quand il avoit donné sa confiance à quelqu’un, qu’il pût le tromper ; et les fautes qu’il a faites n’ont souvent eu pour fondement que cette opinion de probité pour des gens qui ne la méritoient pas.
Ces violences, et la manière militaire dont on fit les conversions dont je viens de parler, ne furent employées qu’après la cassation de l’édit de Nantes[1] ; mais avant qu’on en vînt là, le roi fit de son mieux pour gagner, par ses bienfaits, les gens les plus considérables d’entre les huguenots[2] ; et il avoit déclaré qu’aucun ne seroit admis dans les charges et n’avanceroit dans ses armées, soit de terre, soit de mer, que les catholiques.
Madame de Maintenon voulut, à son exemple, travailler à la conversion de sa propre famille ; mais comme elle ne crut pas pouvoir gagner mon père par l’espérance d’une grande fortune, ni convaincre son esprit par la force du raisonnement, elle prit la résolution, de concert avec M. de Seignelay, de lui faire faire un voyage de long cours sur mer, pour avoir du moins le loisir de disposer de ses enfans. J’avois deux frères qui, quoique fort jeunes, avoient fait plusieurs campagnes. L’aîné s’étoit trouvé, à huit ou neuf ans, à ce combat fameux de Messine, où Ruyter fut tué, et il y reçut une légère blessure. La
- ↑ L’édit de Nantes fut révoqué en octobre 1685.
- ↑ C’est ainsi que l’ancien confident de Fouquet, Pellisson, disgracié depuis la chute du surintendant, se vit comblé des faveurs royales lorsqu’il eut abjuré le protestantisme. Louis XIV lui confia l’administration de la caisse des Huguenots, qu’il avait établie pour pensionner les nouveaux convertis.