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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/67

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pour la seconde ou la troisième fois, partit de son côté, et m’emmena à Paris. Nous trouvâmes sur la route M. de Saint-Hermine, une de ses sœurs et mademoiselle de Caumont, aussi étonnés qu’affligés de me voir. Pour moi, contente d’aller, sans savoir où l’on me menoit, je n’étois étonnée ni affligée de rien ; mais comme les autres étoient des personnes faites, que madame de Maintenon avoit demandées à leurs parens, il avoit été décidé dans le conseil des huguenots qu’on ne pouvoit les lui refuser, puisqu’elle ne demandoit qu’à les voir, et qu’elle promettoit de ne les pas contraindre dans leur religion. On eut donc pour elle cette complaisance, d’autant plus volontiers qu’on n’avoit rien à craindre de leur légèreté ; et, en effet, la résistance de ces jeunes personnes fut infiniment glorieuse au calvinisme.

Nous arrivâmes ensemble à Paris, où madame de Maintenon vint aussitôt me chercher, et m’emmena seule à Saint-Germain. Je pleurai d’abord beaucoup, mais je trouvai le lendemain la messe du roi si belle, que je consentis à me faire catholique, à condition que je l’entendrois tous les jours, et qu’on me garan-

    sujet : « Réconciliez-vous avec madame de Fontmort, pardonnez-lui pour l’amour de Dieu, pour l’amour de vous-même, pour l’amour de vos enfans, une chose qu’il étoit difficile qu’elle refusât à la religion qu’elle venoit d’embrasser, à notre amitié, et si vous voulez, à mon crédit. Elle a cru en tout rendre un grand service à vos enfans : elle vous aime tendrement faites tout de bonne grâce. » (Lettre du 5 avril 1681.) Il paraît, cependant que madame de Maintenon estimait assez peu madame de Fontmort, puisqu’elle dit, dans une autre lettre, qu’elle serait au désespoir de voir mademoiselle de Murçay lui ressembler.