Aller au contenu

Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

madame de Fontmort, « habituée à changer de religion » et partant peu scrupuleuse en cette matière, elle attira auprès d’elle mademoiselle de Mursay, qui n’opposa aucune résistance à ses désirs. La manière dont madame de Caylus racontait plus tard cet épisode de sa vie, semble prouver (ce que son âge expliquait d’ailleurs parfaitement) qu’elle attachait fort peu d’importance à ce changement de religion :

« Madame de Maintenon, dit-elle, m’emmena seule à Saint-Germain. Je pleurai d’abord beaucoup, mais je trouvai le lendemain la messe du roi si belle que je consentis à me faire catholique, à condition que je l’entendrois tous les jours, et qu’on me garantiroit du fouet. C’est là toute la controverse qu’on employa, et la seule abjuration que je fis. »

Madame de Villette qui était catholique fut sans doute intérieurement heureuse de la conversion de sa fille mais elle avait, à redouter la légitime indignation de son mari. Madame de Maintenon comprenant bien la position difficile dans laquelle elle l’avait placée, prit soin de la consoler et de la rassurer tout à la fois :

« Que je vous plains, lui écrivait-elle, ma chère cousine, dans l’agitation où vous estes, entre un mari et des enfans c’est avoir le cœur déchiré par les endroits les plus tendres je le suis si fort pour ce que j’aime que je comprends mieux qu’une autre votre douleur. Consolez-vous en Dieu et dans mon