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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/70

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Si je suis entrée dans ce détail, ce n’est pas pour en tirer une vaine gloire ; mais pour marquer par des faits, bien au-dessus des louanges, la conduite et le caractère de madame de Maintenon et il est impossible, ce me semble, de faire réflexion au poste qu’elle occupoit, et au peu de loisir qu’elle avoit, sans admirer l’attention qu’elle donnoit à un enfant, dont après tout elle n’étoit chargée que parce qu’elle l’avoit bien voulu.

Mon père, après avoir résisté non seulement aux bontés, mais aux promesses du Roi, et avoir compté n’être pas fait chef d’escadre à son rang ; après avoir résisté à l’éloquence de M. de Meaux[1], qu’il aimoit naturellement, s’embarqua de nouveau sur la mer, et fit pendant cette campagne des réflexions qu’il n’avoit pas encore faites. L’évangile de l’ivraie et du bon grain lui parut alors clair contre le schisme ; il vit que ce n’étoit pas aux hommes à les séparer ; ainsi convaincu, mais ne voulant tirer de sa conversion aucun mérite pour sa fortune, il fit à son retour son abjuration entre les mains de son curé, et perdit par là les récompenses temporelles qu’il en auroit pu attendre ; si bien même qu’en venant après à la cour, le Roi lui ayant fait l’honneur de lui parler avec sa bonté ordinaire sur sa conversion ; mon père répondit avec trop de sécheresse « Que c’étoit la seule occasion de sa vie où il n’avoit point eu pour objet de plaire à Sa Majesté. »

  1. Bossuet.