mon père de ne pas contraindre ses enfans, s’ils ne vouloient pas se faire catholiques.
II se convertirent l’un et l’autre ; et, après leur académie et le temps qu’ils devoient être aux mousquetaires, on donna à l’aîné une charge de cornette des chevau-légers, qu’il vendit quand la guerre recommença, pour acheter le régiment Dauphin-cavalerie, et au cadet le régiment de la Reine-dragons, à la tête duquel il fut tué au combat de Steinkerque.
Pour moi, on m’élevoit avec un soin dont on ne sauroit trop louer madame de Maintenon. Il ne se passoit rien à la cour sur quoi elle ne me fit faire des réflexions selon la portée de mon esprit, m’approuvant quand je pensois bien, me redressant quand je pensois mal. Ma journée étoit remplie par des maîtres, la lecture et des amusemens honnêtes et réglés ; on cultivoit ma mémoire par des vers qu’on me faisoit apprendre par cœur ; et la nécessité de rendre compte de ma lecture ou d’un sermon, si j’en avois entendu, me forçoit à y donner de l’attention. Il falloit encore que j’écrivisse tous les jours une lettre à quelqu’un de ma famille, ou à tel autre que je voulois choisir, et que je la portasse les soirs à madame de Maintenon, qui l’approuvoit ou la corrigeoit, selon qu’elle étoit bien ou mal ; en un mot, elle n’oublioit rien de ce qui pouvoit former ma raison et cultiver mon esprit[1].
- ↑ On voit par là que madame de Maintenon se plut de tout temps à ce rôle d’institutrice dans lequel elle excellait, et qui lui inspira la création de Saint-Cyr.