Aller au contenu

Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle dit à ce prélat : C’est trop pleurer la mort d’un fils dont je n’ai pas encore assez pleurer la naissance.

J’ai vu madame de Montespan aux Carmélites, bien des années après, et dans le temps qu’elle-même n’étoit plus à la cour, y venir chercher madame de La Vallière, devenue pour elle une espèce de directeur.

Mais mes Souvenirs me rappellent à la cour, où madame de Maintenon jouoit un grand rôle auprès du roi et auprès de la reine. Elle avoit été faite dame d’atours de madame la Dauphine de Bavière ; et le roi avoit acheté pour elle la terre de Maintenon, en 1674 ou 1678, dont il voulut qu’elle prît le nom[1].

Mais les commencemens de la faveur de madame de Maintenon ont tant de liaison et de rapport à madame de Montespan, que je ne puis parler de l’une sans me souvenir de l’autre. Il est donc nécessaire

    malade d’avoir bu trop d’eau-de-vie, trouvons-nous dans les Mémoirers de mademoiselle. On dit qu’il avait donné de grandes marques de courage, et l’on parlait de son esprit et de sa conduite, comme l’on a accoutumé, selon que l’on aime les gens. » (Édit. Charpentier, IV, p. 504).

  1. L’acte d’acquisition est du 27 septembre 1674 ; madame de Maintenon acheta cette terre pour 240,000 livres, provenant des gratitications du roi. Mais c’est seulement en 1687 que Louis XIV érigea en marquisat la terre et seigneurie de Maintenon à laquelle il ajouta celle de Grogneul, située dans le voisinage, qu’il acquit au prix de 300,000 livres. La veuve Scarron devint ainsi marquise de Maintenon quatre années environ après avoir secrètement épousé Louis XIV.

    Dans une lettre à madame de Coulanges, elle disait à ce propos « Les amis de mon mari ont tort de m’accuser d’avoir concerté avec le roi ce changement de nom. Ce ne sont pas ses amis qui le disent, ce sont mes ennemis ou mes envieux ; peu de bonheur en attire beaucoup. »