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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/82

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que pour les enfans de madame de Montespan, elle ne s’en chargeroit point ; mais que si le Roi lui ordonnoit d’avoir soin des siens, elle lui obéiroit. Le Roi l’en pria, et elle les prit avec elle.

Si ce fut pour madame de Maintenon le commencement d’une fortune singulière, ce fut aussi le commencement de ses peines et de sa contrainte. Il fallut s’éloigner de ses amis, renoncer aux plaisirs de la société, pour lesquels elle sembloit être née, et il le fallut sans en pouvoir donner de bonnes raisons aux gens de sa connoissance. Cependant comme il n’étoit pas possible de s’en éloigner tout d’un coup, pour remédier aux inconvéniens qui pouvoient arriver dans une aussi petite maison que la sienne, dans laquelle il étoit aisé de surprendre une nourrice, d’entendre crier un enfant, et tout le reste, elle prit pour prétexte la petite d’Heudicourt, et la demanda à madame sa mère, qui la lui donna sans peine par l’amitié qui étoit entre elles, et par le goût qu’elle lui connoissoit pour les enfans. Cette petite fille fut depuis madame de Montgon[1], dame du palais de madame la Dauphine de Savoie.

Je me souviens d’avoir ouï raconter beaucoup de particularités de ces temps-là, qui ne méritent pas, je crois, d’être écrites, quoique le récit m’en ait infiniment amusée. Je n’en dirai qu’un mot.

On envoyoit chercher madame de Maintenon quand

  1. * Mère de l’abbé de Montgon, auteur de Mémoires où le cardinal de Fleury est très dénigré.