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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/84

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pourroit s’allumer tout à coup, et de façon qu’il ne seroit pas possible de ne pas laisser entrer beaucoup de monde. Dans cette crainte, elle envoya en diligence à Saint-Germain pour demander à madame de Montespan ce qu’il faudroit qu’elle fit en pareil cas ; sur quoi elle dit pour toute réponse à celui qu’on avoit envoyé : J’en suis bien aise ; dites à madame Scarron que c’est une marque de bonheur pour ces enfans.

L’aînée des enfans du roi et de madame de Montespan mourut à l’âge de trois ans. Madame de Maintenon en fut touchée comme une mère tendre, et beaucoup plus que la véritable ; sur quoi le roi dit, en parlant de madame de Maintenon : Elle sait bien aimer ; il y auroit du plaisir à être aimé d’elle.

Madame de Montespan eut cinq enfans de suite. Je ne sais s’ils furent reconnus tous ensemble ou séparément ; je sais seulement que, ne pouvant les faire légitimer sans nommer la mère, parce qu’il n’y avoit pas eu d’exemples d’une pareille reconnoissance, pour qu’il y en eût, on fit précéder celle des enfans du Roi par celle du bâtard du comte de Saint-Pol, fils de madame de Longueville, qui se trouvoit dans le même cas, puisqu’il étoit fils de la maréchale de La Ferté, et qu’elle l’avoit eu du vivant de son mari[1].

Le roi fit ensuite reconnoître les siens, savoir M. le duc du Maine, M. le comte du Vexin, made-

  1. * Celui qu’on appeloit le chevalier de Longueville, et qui fut tué au siège de Philipsbourg, en 1688.