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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/91

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toute la personne de madame la duchesse d’Orléans, des traces de ce combat de l’amour et du jubilé[1].

Ces deux grossesses furent traitées avec beaucoup de mystère. On cacha ces deux derniers enfans avec soin. Un des deux naquit à Maintenon, pendant une campagne du Roi ; et madame de Montespan avec madame de Thianges y firent un assez long séjour ; mais madame de Maintenon ne fut pas chargée de ces derniers enfans comme elle l’avoit été des autres : M. de Louvois les fit élever à Paris, dans une maison au bout de la rue de Vaugirard.

Je me souviens de les avoir vu reconnoître pendant que j’étois encore chez madame de Maintenon. Ils parurent à Versailles sans préparation. La beauté de M. le comte de Toulouse surprit et éblouit tous ceux qui le virent. Il n’en étoit pas de même de mademoiselle de Blois ; car c’est ainsi qu’on l’appela jusqu’à son mariage. La flatterie a fait depuis que ses favorites l’entretenoient continuellement de sa grande beauté, langage qui devoit d’autant plus lui plaire qu’elle y étoit moins accoutumée.

Les figures avoient un grand pouvoir sur l’esprit de madame de Montespan, ou, pour mieux dire, elle comptoit infiniment sur l’impression qu’elles ont accoutumé de faire sur le commun des hommes, et les effets qu’elles produisent. C’est sans doute par là qu’elle eut tant de peine à pardonner à mademoiselle

  1. C’est précisément ce que constate Sainte-Beuve dans la citation ci-dessus. (Cf. p. 45.)