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T’ennuyais-Tu ? Avais-Tu peur dans la nuit de l’éternité ?




Et Allah, dans le silence des nuits, dit à l’âme de Dschelaleddin.

J’ai eu bien des naissances. J’ai eu de profonds rêves, qui vous seront toujours ignorés. Que savez-vous de mes trésors, de mes mosquées, de mes palais ? Vous êtes la goutte d’eau : que connaissez-vous des océans de ma Pensée ? Vous êtes l’atome : mais la poussière sait-elle les secrets du soleil ? La plante qui croît dans le désert, que connaît-elle, que peut-elle dire de l’immensité du désert ? Vous êtes pareils à des fourmis qui ramperaient aux pieds d’un roi. Ont-elles l’idée de sa puissance, de ses royaumes, de ses armées ? Ont-elles l’idée de sa beauté, de sa grandeur, de son amour, et des rêves qui se déroulent dans l’infini de sa pensée ?