Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/58

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Pourquoi le dernier désir de ceux qui aiment avec passion ou, jusqu’au vertige, s’enivrent du chant, de la danse ou du vin, est-il un désir d’anéantissement ? — Quel étrange besoin de se sentir morts, et de ne se plus réveiller, et, fous de vertige, de rouler d’abîme en abîme et de rentrer dans l’infini ! Quel besoin glorieux de délivrance !




Un jour certainement viendra où l’homme ne voudra plus procréer son espèce. À quoi bon ? Pour prolonger la durée de cette infernale comédie, pour perpétuellement refaire ce travail de Sisyphe, remuer toujours cette boue et ce néant ? Jadis on avait Dieu, et l’espérance de la lumière, de la vie lumineuse au delà de la mort. Nous ne sommes plus, d’après la science moderne, que des animaux parmi