Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/89

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pure, elle attirait toutes les âmes, et il lui dit maintenant : « Je suis venu près de toi, ma sœur, par pitié pour ta souffrance, et pour voir aussi la nature véritable, le misérable objet des jouissances de l’homme. »

Un jour, il rentre en son palais : le palais est changé en cimetière. Ses trois jeunes femmes, si belles, et les vingt mille vierges qui les servaient, ne sont plus que des cadavres qui se décomposent, ou des squelettes horribles et grimaçants. Parmi ces ruines errent des loups, s’abattent des vautours, dont le bec sanglant vient fouiller dans les chairs pourries : et par cette leçon du ciel, le Bouddha comprend que toute existence n’est qu’une illusion, une voix qui ne retentit que pour mourir, s’éteindre, s’évanouir dans le vide, et il fuit dans la solitude, pour chercher la sublime doctrine par laquelle l’âme, s’élevant plus haut que ces mensonges, dans des régions de parfaite quiétude, puisse se libérer ainsi des fatalités de la vie.

Le Néant, roi des choses, comment le