Page:Cazeneuve - Etude sur la race bovine gasconne.djvu/34

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Quant au procédé que l’on suit dans le Gers pour faire couvrir les vaches, la monte en main, il n’est pas défectueux, bien qu’il fût encore préférable de placer le taureau et la vache dans un enclos afin que la monte se fit d’une manière mixte, dans une demi-liberté. Dans ce cas, dit-on, la copulation se fait avec plus de succès. Une fois saillie, la vache doit être laissée en repos, et durant la gestation on la conduit avec douceur et précaution. La gestation se manifeste par la cessation des chaleurs ; si on la ramène au taureau, celui-ci refuse de la saillir : « beaucoup mieux que le cheval et le bélier, écrit Grognier, le taureau reconnait la gestation et s’abstient de saillir les femelles en cet état ; il les lèche, il les caresse, les console en quelque sorte et calme ainsi leur ardeur. » L’habitude que l’on a de faire travailler les vaches pendant cette période n’est point mauvaise en elle-même ; on allégera toutefois leur travail lorsque arrive le terme de la mise bas. Chez quelques femelles de notre race se présentent alors des difficultés de part par suite de l’étroitesse du bassin, difficultés nécessitant l’intervention d’un homme expérimenté.

C’est ici le cas de signaler une mauvaise pratique assez générale dans le Gers et à laquelle on a recours immédiatement après le part, Pensant que le premier lait est nuisible, les cultivateurs l’expulsent par mulsion pour ne pas le laisser téter au nourrisson. En agissant ainsi, on va contre la nature : ce premier lait appelé colostrum jouit de propriétés purgatives, et il est nécessaire pour chasser le méconium, c’est-à-dire les excréments alvins qui se sont accumulés dans l’intestin pendant la vie intra-utérine. Ici,