Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/119

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bientôt par le secours de Soberano. Je le vis le lendemain, les jours ensuite ; je n’eus plus d’autre passion ; je devins son ombre.

Je lui faisais mille questions ; il éludait les unes et répondait aux autres d’un ton d’oracle. Enfin, je le pressai sur l’article de la religion de ses pareils. « C’est, me répondit-il, la religion naturelle. »

Nous entrâmes dans quelques détails ; ses décisions cadraient plus avec mes penchants qu’avec mes principes ; mais je voulais venir à mon but et ne devais pas le contrarier.

« Vous commandez aux esprits, lui disais-je ; je veux comme vous être en commerce avec eux : je le veux, je le veux !

— Vous êtes vif, camarade, vous n’avez pas subi votre temps d’épreuve ; vous n’avez rempli aucune des conditions sous lesquelles on peut aborder sans crainte cette sublime catégorie…

— Et me faut-il bien du temps ?

— Peut-être deux ans.

— J’abandonne ce projet, m’écriai-je : je mourrais d’impatience dans l’intervalle. Vous êtes cruel, Soberano. Vous ne pouvez concevoir la vivacité du désir que vous avez créé dans moi : il me brûle…

— Jeune homme, je vous croyais plus de pru-