Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/191

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Elle plaît, je ne puis plaire ;
Le soupçon est fait pour moi.

La cruelle défiance
Empoisonne le bienfait.
On me craint en ma présence ;
En mon absence on me hait.
Mes tourments, je les suppose ;
Je gémis, mais sans raison ;
Si je parle, j’en impose…
Je me tais, c’est trahison.

Amour, tu fis l’imposture,
Je passe pour l’imposteur ;
Ah ! pour venger notre injure,
Dissipe enfin son erreur.
Fais que l’ingrat me connaisse ;
Et quel qu’en soit le sujet,
Qu’il déteste une faiblesse
Dont je ne suis pas l’objet.

Ma rivale est triomphante,
Elle ordonne de mon sort,
Et je me vois dans l’attente
De l’exil ou de la mort.
Ne brisez pas votre chaîne,
Mouvements d’un cœur jaloux ;
Vous éveilleriez la haine…
Je me contrains : taisez-vous !