Aller au contenu

Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Biondetta n’est point accourue, elle a volé. Je voulais parler. « Point d’excuses, dit-elle, la rechute est impardonnable…

— Ah ! vous me la pardonnerez, lui dis-je, j’en suis sûr ; quoique vous m’ayez empêché de m’instruire comme je pouvais l’être, dès à présent j’en sais assez…

— Pour faire quelque extravagance. Je suis furieuse, mais ce n’est pas ici le temps de quereller ; si nous sommes dans le cas de nous manquer d’égards, nous en devons à nos hôtes. On va se mettre à table, et je m’y assieds à côté de vous : je ne prétends plus souffrir que vous m’échappiez. »

Dans le nouvel arrangement du banquet, nous étions assis vis-à-vis des nouveaux mariés. Tous deux sont animés par les plaisirs de la journée : Marcos a les regards brûlants, Luisia les a moins timides : la pudeur s’en venge et lui couvre les joues du plus vif incarnat. Le vin de Xérès fait le tour de la table, et semble en avoir banni jusqu’à un certain point la réserve : les vieillards mêmes, s’animant du souvenir de leurs plaisirs passés, provoquent la jeunesse par des saillies qui tiennent moins de la vivacité que de la pétulance. J’avais ce