Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/272

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mes résolutions, mes serments, tout est oublié. En voulant tarir la source de cette rosée précieuse, je me suis trop approché de cette bouche où la fraîcheur se réunit au doux parfum de la rose ; et si je voulais m’en éloigner, deux bras dont je ne saurais peindre la blancheur, la douceur et la forme, sont des liens dont il me devient impossible de me dégager.

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« Ô mon Alvare ! s’écrie Biondetta, j’ai triomphé : je suis le plus heureux de tous les êtres. »

Je n’avais pas la force de parler : j’éprouvais un trouble extraordinaire : je dirai plus ; j’étais honteux, immobile. Elle se précipite à bas du lit : elle est à mes genoux : elle me déchausse. « Quoi ! chère… Biondetta, m’écriai-je, quoi ! vous vous abaissez…

— Ah ! répond-elle, ingrat, je te servais lorsque tu n’étais que mon despote : laisse-moi servir mon amant. »

Je suis dans un moment débarrassé de mes hardes : mes cheveux, ramassés avec ordre, sont arrangés dans un filet qu’elle a trouvé dans sa poche.

Sa force, son activité, son adresse ont triomphé de tous les obstacles que je voulais opposer. Elle fait avec la même promptitude sa petite toilette de