Page:Cellini, Oeuvres completes, trad leclanché, 1847.djvu/76

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faisait de petites médailles ciselées et quantité d’objets du même genre. Il exécuta, en outre, quelques Paix en demi-relief, et des Christs de la dimension d’un palme, en plaques d’or très-minces et d’un travail si admirable, que je le considérais comme le plus grand maître que j’eusse jamais vu dans son art : aussi étais-je jaloux de lui plus que de tout autre. À Rome se trouvaient encore quelques graveurs de médailles en acier, vrais guides et modèles de ceux qui veulent exceller dans la gravure des monnaies. Ce fut avec une ardeur extrême que je cherchai à me rendre habile dans toutes ces différentes professions. Je ne négligeai pas davantage le bel art d’émailler, que je ne vis jamais bien pratiqué que par un de nos Florentins, nommé Amerigo[1]. Je n’ai pas connu cet artiste personnellement, mais j’ai été à même d’admirer ses merveilleux ouvrages. Selon moi, personne au monde n’a jamais approché de leur divine perfection. Les travaux de l’émailleur sont d’une difficulté extrême ; car, pour les mener à fin, il faut les soumettre à l’action du feu, qui souvent les gâte et les détruit totalement. Néanmoins, je m’appliquai aussi de tout mon pouvoir à cet art. Mon apprentissage fut rude ; mais j’y prenais tant de plaisir, que les difficultés mêmes me semblaient un délassement, grâce a un don particulier de l’auteur de la nature, qui m’avait doué d’une constitution si bonne et si robuste, que je pouvais, sans en abuser, faire tout ce qui me plaisait. Les professions dont je viens de parler diffèrent tellement entre elles, que celui qui excelle dans l’une ne va presque jamais aussi loin dans l’autre. Quant à moi,

    toire même ne le désigne jamais autrement. Il est cité comme un artiste du plus haut talent par Vasari, Vie du Francia, t. III, p. 324 ; et Vie du Bramante, t. IV, p. 98. Les médailles de Bramante, de Trivulzio et de Galeazzo Sforza sont les seules que l’on connaisse de lui aujourd’hui. Dans son Traité de l’Orfèvrerie, chap. V, Cellini parle au long de Caradosso et de ses ouvrages. L. L.

  1. Benvenuto parle encore avec grand éloge de cet Amerigo dans son Traité d’Orfèvrerie. L. L.