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PRÉFACE

faire ces belles dorures qui ornent encore les pages des manuscrits. Nous devons avoir une grande obligation à notre Cennino qui, avec son écrit merveilleux, a sauvé de l’oubli ce secret de l’art ; et l’on verra comment une grande partie du succès consiste dans la nature du plâtre à employer, dans l’habileté à le polir, dans la pureté et l’épaisseur des feuilles d’or. Le dernier de ces quatre chapitres est employé au broyage de l’or, de l’argent, et à l’encollage pour enluminer. Comme la terre verte, une fois employée, prend difficilement le vernis, l’auteur termine en indiquant le moyen de la vernir dans la perfection.

Le chap. clxi est vraiment curieux. L’auteur nous apprend qu’alors les peintres coloraient le visage humain, et, qui plus est, pour l’unir ils le peignaient à l’huile et au vernis. Or, il ne pourra venir à l’esprit de personne que ce secret ait été celui de Jean de Bruges. Si les peintres de cet âge en étaient arrivés à broyer les couleurs à l’huile assez fin pour un usage aussi délicat, comment auraient-ils eu assez peu de sens pour ne pas savoir imiter sur les tableaux ce qu’ils faisaient sur les visages vivants d’hommes et même de femmes ?

Après avoir terminé tous les préceptes qui conduisent aux différentes parties de l’art de la peinture, Cennino passe comme à une chose utile aux artistes à un petit traité en neuf chapitres sur la manière de mouler une tête vivante et le nu entier d’un autre ou de soi-même ; il enseigne comment on prend les empreintes de médailles, les sceaux, les monnaies, découvre le secret d’une cendre propre à faire les empreintes de petits objets pour ensuite les couler comme les grandes en bronze ou de quelque métal que ce soit. Que si les méthodes qu’il enseigne ne trouvent pas maintenant de partisans, leur connaissance n’en reste pas moins une chose neuve et utile pour le bien et l’histoire de l’art.

Ici Cennino finit le traité pratique et mécanique de toutes les manières de peindre de son temps, traité qui ne fut depuis composé par personne d’autre à partir de la renaissance de l’art jusqu’à nos jours, traité qui manquait à la peinture, vu que les