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TRAITÉ DE LA PEINTURE

pierre bien lavée et bien propre. Si l’azur te paraissait venir un peu lourd, reprends un peu de lessive ou d’eau claire, mets-en dans le vase, et remêle le tout ensemble. Recommence ainsi deux ou trois fois, l’azur sera bien purgé. Je ne te parlerai pas de ses encollages, attendu que plus avant je t’enseignerai les tempere propres à chacune des couleurs sur panneau, sur mur, sur fer, sur papier, sur pierre et sur verre.

lxiii.Comme il est nécessaire de savoir faire les pinceaux.

Maintenant que je t’ai parlé avec ordre de toutes les couleurs qui s’emploient au pinceau et de la manière de les broyer (ces couleurs doivent être conservées dans une cassette bien couverte, la surface toujours molle et couverte d’eau), je te montrerai à les employer sans ou avec tempera. Mais il te faut d’abord savoir avec quoi tu peux les mettre en œuvre, ce qui ne se peut faire sans pinceaux. Donc arrêtons-nous, et occupe-toi d’abord des pinceaux, qui se font de cette manière.

lxiv.Comment se font les pinceaux de poil d’écureuil.

Dans notre art il y a deux sortes de pinceaux à employer : les pinceaux d’écureuil et ceux de soies de porc. Ceux d’écureuil se font ainsi : prends des queues d’écureuil (toutes autres ne valent rien) ; elles devront être cuites[1] et non crues. Les marchands de peaux te le diront ainsi. Ayant ces queues, retires-en d’abord les poils de la pointe qui sont longs ; en réunissant les pointes de plusieurs queues, six ou huit, tu feras un pinceau doux, bon pour dorer sur panneau, c’est-à-dire pour humecter, comme ensuite je te le démontrerai.

Revenons-en simplement à la queue : prends-la en

  1. Il parait qu’aujourd’hui on ne cuit plus ces peaux. Ce serait une expérience à faire. (Cav. Tambroni)