Page:Cennino Cennini - Traité de la peinture, 1858.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
TRAITÉ DE LA PEINTURE

et c’est le travail le plus doux, le plus délicieux qui soit, prends d’abord de la chaux et du sable, l’une et


    loir la peine que peut donner une traduction. Les quelques remarques que j’ajoute au chapitre sur la fresque ne seront peut-être pas jugées inutiles. Cennino parle de la fresque à des gens qui la voyaient faire tous les jours, ses explications étaient alors minutieuses ; aujourd’hui elles peuvent paraître incomplètes si on désire passer du livre à la pratique.

    D’abord, il ne dit rien de la condition des murs ; c’est cependant par là qu’il faut commencer.

    Il est indifférent que le mur soit de brique ou de pierre. En Italie, ils ont mis des enduits sur le marbre, même poli. Mais il ne serait pas indifférent que le mur fût salpétré. Un mur sain, un enduit bien fait et bien placé, voilà les conditions indispensables pour la durée d’une peinture à fresque. Les murs de pierre laissent généralement deviner le salpêtre par des taches ou une coloration foncée : pour s’assurer de l’état du mur, je dois à M. Barruel, chimiste, l’indication suivante :

    Pour connaître si le salpêtre est dans un mur ou dans les matériaux à employer ou employés,

    Prenez de ces matériaux ou de la poussière du mur obtenue par un grattageassez profond ;

    Faites bouillir ce grattage dans de l’eau distillée une demi-heure ;

    Filtrez. La liqueur filtrée est évaporée dans une capsule de porcelaine jusqu’à siccité.

    Prenez deux ou trois cristaux de sulfate de fer (vitriol vert) ; pulvérisez-les dans un mortier de porcelaine.

    Vous en mettrez la grosseur d’une lentille à expériences avec cinq à six grammes d’acide sulfurique (huile de vitriol) bien pur et concentré.

    Si l’acide est bien pur, le sulfate de fer doit blanchir, et ne prendre aucune autre teinte quand on ajoute un peu du résidu de l’opération.

    Vous ajoutez ce résidu à l’aide d’un canif, ou, s’il s’est humidifiée, à l’aide d’un tube. Vous l’agitez avec le sulfate de fer.

    Si la matière ajoutée renferme les moindres traces de nitrate, la liqueur se colore en rouge vineux.

    Si le mur est salpétré, le seul remède sûr est de construire une cloison à un pouce ou deux en avant de la muraille. Cette cloison peut être d’une demi-brique, si l’espace le permet, ou moins épaisse, en pierres de lave plates, ou enfin en nattes de jonc tendues sur des châssis en fer. L’humidité ne les corrompt pas, et elles tiennent parfaitement l’enduit. À Pompéï, on s’est servi du plomb cloué sur la pierre. Je l’ai fait aussi, faute de pouvoir employer les premiers moyens. Un courant d’air entre le mur salpétré et l’enduit est une garantie de durée à laquelle on peut se fier.

    Ces précautions prises, il faut penser à l’enduit.