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SIXIÈME PARTIE

mieux, jusqu’à ce qu’il tourne en écume bien épaisse ; laisse-la égoutter toute une nuit ; transvase ce qui est égoutté, et avec un pinceau d’écureuil étends-en une couche sur tous tes travaux, ils paraîtront vernis et n’en seront que plus solides. Cette manière de vernir convient beaucoup aux figures sculptées soit en bois soit en pierre ; on leur vernit ainsi les visages, les mains et toutes les parties de chair. En voilà assez sur les vernis, parlons de la manière de colorer les miniatures sur papier.

CLVII.Comment on doit peindre en miniature et dorer sur papier.

D’abord, si tu veux faire des miniatures, il faut avec le plomb dessiner les figures, les feuilles, les lettres ou ce que tu voudras sur papier, c’est-à-dire dans les livres ; puis il convient que tu raffermisses ce que tu as dessiné avec une plume fine. Alors tu dois avoir un plâtre coloré que l’on nomme asiso[1], et qui se fait ainsi : aie un peu de plâtre fin, un peu de blanc de plomb, moins que le tiers du plâtre, puis un peu de sucre candi, moins que de blanc. Broie ces ingrédients très-fin à l’eau claire, puis ramasse-les et laisse-les sécher sans soleil. Quand tu veux t’en servir pour dorer, prends-en un peu, seulement ce dont tu as besoin, et étends-le avec du blanc d’œuf battu comme je te l’ai enseigné auparavant ; prépare avec ce mélange et laisse sécher. Alors aie ton or, et soit avec l’haleine ou sans ce secours tu pourras le placer. Aussitôt l’or mis, aie

  1. Les vocabulaires ne font pas mention de ce mot. Peut-être est-il en usage quelque part : Baldinucci, dans son Vocabulaire des arts, parle de bien des sortes de plâtre, mais point de celle-ci. Armenino, cap. 8 del lib. ii, dit avoir vu les Flamands broyer le plâtre avec le blanc de plomb dans la proportion que notre auteur mentionne ; mais il ne parle pas du sucre, auquel ils substituaient l’orpin. Il ne donne aucun nom à ce mélange, qu’il dit léger et réussissant à merveille. (Cav. Tambroni.)