l’œuf, ou si tu veux mieux, couvrir avec de l’huile ou du vernis liquide ; ce qui est la plus forte tempera qui existe. Mais s’il te faut ensuite laver la face pour enlever ces couleurs et ces tempere, prends des jaunes d’œuf, frotte-les sur la face d’abord peu à peu, puis plus fort avec la main. Prends de l’eau bouillie avec du son et laves-en la figure ; reprends un autre jaune d’œuf et de nouveau frottes-en la face en ayant soin de la relaver avec la même eau de son bouillante. Répète cette opération tant que le visage reprenne sa première couleur et qu’il n’y reste plus trace de ces matières.
Ce serait un grand service rendu aux jeunes femmes, particulièrement aux toscanes, de leur démontrer ce que sont les couleurs dont elles sont folles et les eaux dont elles se servent pour s’embellir. Mais pour ne pas donner aux femmes retenues qui n’en font pas usage l’occasion de me réprimander et dans la crainte de déplaire à Dieu et à Notre-Dame, je me tairai. Cependant je te dirai que si tu veux conserver longtemps ta figure avec sa propre couleur, ne te lave qu’avec de l’eau de fontaine, de puits ou de fleuve, et sois certain que toute autre eau manufacturée rend en fort peu de temps le visage flasque, les dents noires, et finalement
et au vernis. Autant que je sache, aucun autre écrivain n’a parlé d’une semblable coutume. Elle peut faire penser que les peintres de ces temps étaient appelés dans les maisons pour cet usage. Il est vrai que je retrouve dans Pandolfini, Sur le gouvernement de la famille et des classes italiennes, etc., le conseil qu’il donne à sa femme de ne pas se lisser avec des chaux et des puanteurs ; et à cause de cela, il se sert toujours des phrases : se pourrir le visage… s’emplâtrer… s’enduire… se poncer…., et il dit que sa femme était embarrassée de ne pas avoir ces peintures sur le visage toutes les fois qu’elle se trouvait avec d’autres dames. (Cav. Tambroni.)