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PRÉFACE

l’avantage de tous. Lui, qui est toute gracieuseté, m’accorda de bon cœur ce que je lui demandai. D’où vient qu’ici je lui en rends grâces publiquement, et pour l’Italie, et pour les artistes, et pour moi qui n’épargnerai ni le soin ni l’étude pour illustrer le nom et l’écrit de Cennino, cherchant à réparer en partie l’ingrat oubli dans lequel fut laissé pendant près de quatre siècles ce savant italien.

Avant toutes choses, je prendrai état de la condition de ce manuscrit, afin que si quelqu’un voulait de nouveau le consulter et comparer, il le puisse faire.

Il est enregistré, comme je l’ai dit, parmi les codicilles de l’Ottobiana, sous le n° 2974 ; et d’après le cachet qui est placé intérieurement, on voit qu’il a appartenu au baron de Stosh. Il est sur papier, et il n’y a pas un siècle qu’il fut recopié sur quelque ancien exemplaire, car il porte la date 1757. D’après les initiales du copiste P. A. W., il semble qu’il n’était pas d’origine italienne. Sur les deux premières pages et en partie sur la troisième sont transcrites les notices que le P. Orlandi et G. Vasari laissèrent sur Cennino. L’écriture est celle du siècle passé, grande et claire. Mais soit que le copiste ne fût pas homme de lettres, et peut-être peu versé dans les secrets de la peinture, soit que le codicille d’après lequel celui-ci fut fait fût écrit en caractères difficiles à déchiffrer, comme le sont communément ceux du quinzième siècle, il est certain qu’il fallut un grand travail pour en rendre la leçon intelligible. Pour cette raison, j’ai voulu le recopier entièrement de ma main pour le méditer, le confronter avec soin, et chercher à suppléer du mieux possible à l’ignorance ou à l’absolue négligence du copiste étranger. Sans cette entreprise, toute fatigue eut été vaine, car, comme on peut le voir, l’ordre, le titre des chapitres, tout y est confus et sans orthographe. J’ai dû beaucoup, pour en fixer la leçon, aux conseils et ouvrages de l’abbé Girolamo Amati et Salvatore Betti, noms chers à la république des lettres et mes amis. Je dirai aussi que pour les notes ou en marge ou placées après le texte, on voit que cet exemplaire fut copié sur un autre, qui peut-être avait été confronté et corrigé sur le texte ori-