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PRÉFACE

propos, je noterai un passage du chap. xcvi, où apparaît à mon avis le caractère honnête et religieux de Cennino. Il y persuade qu’il faut toujours employer des couleurs bonnes et fines, surtout dans les figures de Notre-Dame. Outre la réputation qu’il promet à l’artiste, il l’engage encore à le faire pour en obtenir merci et recevoir de Dieu et de Notre-Dame la santé de l’âme et du corps.

Passant ensuite à l’enseignement de la peinture à tempera sur panneau, il donne en huit chapitres toutes les différentes sortes de colles qui sont, dit-il, le fondement de cette partie de l’art. Il vient ensuite à dire comment se préparent les bois des panneaux, eomment ils se recouvrent, c’est-à-dire comment on colle la toile dessus. Ce moyen paraîtra nouveau à beaucoup de gens : dans quelques circonstances on pourra être charmé de savoir qu’il a été pratiqué, puisqu’il suffira à décider si un tableau est antique ou non, car la manière de tendre une toile sur le bois avant de placer l’encollage était un point litigieux chez nos modernes, et le plus souvent on crut que c’était une fraude des marchands. Parlant ensuite de la préparation du plâtre, il enseigne sa nature, sa manipulation, la manière de le placer, comment on le gratte, avec quels instruments ; et de tout ceci il parle longuement jusqu’au chap. cxxii.

De là au chap. cxxxi, l’auteur traite du dessin sur panneau préparé au plâtre, comment on relève des frises et autres jolis ornements également en plâtre, avec le vernis ou la cire, à la façon qui se pratiquait dans ces temps-là, et de même sur mur.

En neuf autres chapitres, Cennino nous donne un traité complet de la manière de dorer : comment on met et encolle le bol, comment il se dore et comment l’or se brunit, avec quelle nature de pierres ou de dents ; parmi ces pierres, il enseigne à en faire une de lapis améthiste qui devait être communément en usage chez la majorité des peintres. Tant il avait à cœur la perfection de son art, il descend à dire comment il faut réparer les endroits où l’or n’est pas venu nettement, et conseille pour le bien de l’artiste d’en recommencer le champ tout entier. De là il démontre com-